La France abrite une communauté musulmane significative, pour qui le respect des prescriptions islamiques, de la Janazah aux pratiques d'inhumation, passant par le déroulement des obsèques, est primordial, même loin de leur pays d'origine. La question des rites funéraires et des lieux d'inhumation conformes aux préceptes de l'Islam y est donc essentielle.
Avant toute chose, il est important de mentionner que la considération de l'État français des coutumes islamiques remonte depuis plus d'un siècle, précisément le temps de guerre du 1915. Des milliers de soldats ont rejoint les militaires françaises, et au moment du jeûne de ramadan, chaque militaire musulman peut prendre des dispositions qui s'y rapportent, même au front de guerre. Cela concerne l'heure des prises de repas et mode de vie saine qu'exige le jeûne, tout comme le temps de prière et une place prévue pour ce faire, même s'il n' y a pas de mosquée.
Dédier une espace dans un cimetière un militaire musulman décédé pendant cette guerre n'est donc pas une première dans cette relation. Étant donné que lors de cette guerre, en plus du Ramadan, ces soldats aussi ont droit à leurs propres tombes dans les cimetières qui suivent les instructions de l'Islam. Pour leurs sépultures, ils peuvent aussi avoir une pierre tombale à leur nom ou une stèle funéraire.
Dans l'Islam, les rites funéraires, de la Tahara à la Dafn, sont empreints de simplicité et de piété. La tradition veut que le défunt soit lavé, enveloppé dans un linceul blanc, et que des prières (Salat al-Janazah) soient récitées en sa faveur. Plus précisément, Lorsqu'un musulman meurt, son corps est dit impur, d'où la nécessité de la purification par le lavage mortuaire (Ghusl). Ensuite, le défunt sera enveloppé dans un linceul (Kafan). La Salat al-Janazah, une prière funéraire collective, s'ensuit pour solliciter le pardon et la miséricorde pour le défunt. L'enterrement ou Dafn doit idéalement avoir lieu dans les 24 heures suivant le décès. La direction de la Mecque (Qibla) est prise en compte lors de l'inhumation, avec le corps disposé sur le côté droit, face à la Qibla. Ce qui rites reflète la foi en la résurrection et le jugement dernier, des croyances fondamentales de l'Islam.
Ainsi, lorsqu'un musulman quitte ce monde terrestre, on dit qu'il est en passage pour l'au-delà. Ces étapes sont faites dans le respect et la sérénité, mais non pas prises au vol les unes sur les autres. Ce qui nécessite une meilleure coordination et gestion des pratiques.
La gestion des obsèques inhumation d'un musulman en France dans un cimetière de la ville comme à Paris, à Seine, à Bobigny, Bordeaux et autres, implique des adaptations et des négociations constantes avec les autorités locales et les gestionnaires de cimetières. Des aménagements en sont faits comme la création de carrés musulmans dans les cimetières municipaux. Ces sections dédiées permettent une sépulture orientée vers la Mecque, en accord avec la Sunnah, offrant un espace où la Ummah peut se recueillir et pratiquer le Dua pour les défunts. Pendant la guerre, ces carrés n'existaient pas encore même si les soldats qui ont rejoint la France sont aussi inhumés de cette manière.
Les carrés musulmans représentent plus qu'une simple allocation de terre, ils sont le symbole d'une intégration des valeurs islamiques dans le tissu social français. Ces espaces garantissent que les rites de la Janazah, de la purification à l'inhumation (Dafn), se déroulent dans le respect total des prescriptions islamiques, permettant aux familles de respecter la Fitrah et d'accomplir la Zakat al-Fitr pour le défunt, si nécessaire.
Parmi les villes ayant intégré de tels espaces dans leur cimetière, on peut citer Paris, Marseille, Lyon, Strasbourg, Bobigny, bien d'autres. La présence de ces carrés témoigne de la reconnaissance des pratiques musulmanes et de l'intégration de la diversité religieuse.
La communauté musulmane en France fait face à plusieurs défis, dont l’objectif principal est de faciliter les funérailles musulmanes conformément à la Sharia. Cependant, le nombre limité de carrés musulmans et leur saturation rapide dans certaines régions posent un problème. De plus, la réalisation d'un enterrement dans les 24 heures peut être compliquée par la contrainte des procédures administratives françaises ainsi que la suivit de la loi et des règlementations qui peuvent être propres à chaque commune ou chaque hôpital.
L'effort pour mieux intégrer les pratiques de funérailles islamiques en France est un témoignage de la volonté du pays d'honorer sa diversité culturelle et religieuse. La demande pour davantage d'espaces d'inhumation islamiques en France continue de croître. Cela appelle à une réflexion et à un dialogue continu entre les communautés musulmanes, les autorités locales et les gestionnaires de cimetières pour trouver des solutions adaptées.
La pratique funéraire lors du décès d'un musulman en France est emblématique des défis de l'intégration et du respect de la diversité religieuse. Mais il est à noter que depuis le temps de la guerre, la considération de chaque militaire musulman par ce pays est devenue plus perceptible à nos jours pour cette communauté. Les tombes ou carrées musulmanes dans les cimetières françaises sont là pour en témoigner, et dire que cela ne se passe pas que dans une ville, plusieurs en sont concernées comme Paris, Bobigny... Quand un musulman meurt, son inhumation dans un espace funéraire d'un cimetière local montre les valeurs de respect mutuel et de coexistence pacifique qui caractérisent la société française y sont reflétées tout en renforçant ainsi les liens de fraternité (Ukhuwah) au sein de la communauté musulmane.